1875. Little Wolf, un chef Cheyenne, est à Washington pour faire une incroyable proposition au président Grant. Il lui demande, en échange de chevaux, de lui faire présent de mille femmes blanches, afin de les marier à ses guerriers, dans le but de favoriser l’intégration. Grant accepte le marché et envoie les premières femmes dans les contrées reculées du Nebraska, la plupart « recrutées » sous la contrainte dans les pénitenciers et les asiles du pays. Prenant pour point de départ un fait historique réel, Jim Fergus nous relate l'aventure de ces femmes à travers les carnets intimes de l'une d'elles, May Dodd. Internée de force par sa famille qui lui reprochait sa liberté de pensée, May va devoir apprendre sa nouvelle vie de squaw, les rites et la culture indienne. Ce n'est que tardivement que je me suis plongée dans ce roman ayant eu un succès incroyable dès sa sortie. Laissez-moi vous dire une chose : je ne regrette absolument pas cette lecture ! Mille Femmes Blanches est un roman totalement addictif que j'ai dévoré de la première à la dernière page, ne faisant que de courtes pauses entre mes temps de lecture. Commençons tout d'abord par l'intrigue : nous rencontrons May Dodd qui a été enfermée dans un asile par sa famille. La raison ? Elle avait commis "l'erreur" de tomber amoureuse d'un homme et d'avoir donné naissance à deux enfants, hors mariage. Internée, elle subit pendant des mois divers soins aux allures de tortures dans le but de chasser le démon lubrique en elle. En tant que femme, j'ai été révoltée et touchée par ces odieux traitements qui, à n'en pas douter, étaient de rigueur, aussi bien pour les personnes mentalement instables que pour les saines d'esprit. Se croyant condamnée à demeurer à l'asile, une annonce est alors publiée : « Si vous êtes une jeune femme en bonne santé, prête au mariage, et en âge de donner la vie, si vous aimez l'aventure, l'exotisme et les voyages, présentez-vous à l'adresse suivante mardi matin, douzième jour du mois de février de l'année 1875 de Notre Seigneur, à 9 heures précises. » Cette annonce est l'échappatoire que recherchait May : accompagnée de Martha, une jeune femme qui l'aida à quitter cette prison, elle abandonna tout pour se lancer dans cette aventure insolite. A travers ses carnets, nous suivons alors le quotidien de toutes ces femmes qui s'engagèrent pour cette nouvelle vie, depuis leur voyage en train où elles firent connaissance, en passant par la découverte des us et coutumes indiens, leur mariage, leur quotidien parfois difficile et dangereux, jusqu’à la fin, tragique et inévitable. Mille femmes blanches est un roman poignant et dépaysant qui nous transporte : en quelques pages, nous passons d'une société dite civilisée aux plaines, à la nature profonde, au campement des cheyennes où la vie est simple et dangereuse. J'ai particulièrement aimé cette approche particulière du peuple indien et la façon dont il fut oppressé par l'homme blanc : ici, c'est le point de vue de femmes étrangères qui s'adaptèrent au mode de vie des cheyennes qui est adopté. En même temps qu'elles, nous découvrons le quotidien des indiens, la place des femmes dans cette société et le rejet progressif des blancs à leur égard. Les "sauvages" sont très rarement ceux que l'on croit, et cela ce justifie une nouvelle fois dans ce récit où les personnages féminins sont bien plus respectés et aimés par leur famille d'accueil que par la société dont ils sont originaires. J'ai beaucoup apprécié que ce sujet soit exploité en profondeur ; Jim Fergus ne pose aucun tabou sur la persécution des indiens qui n'avaient que deux choix : le retrait dans les réserves ou la mort. Enfin, j'ai trouvé très intéressant que l'auteur ne s'intéresse pas seulement aux aspects positifs de la vie des indiens. Après tout, ce sont des hommes et, comme tous les hommes, ils ont des vices. Le chapitre concernant les ravages de l'alcool sur les indiens m'a marqué : cette boisson, démoniaque pour ce peuple, pouvait transformer un guerrier valeureux et respectueux en un monstre violent et sanguinaire. Concernant les personnages, Jim Fergus nous livre un panel de femmes très large et diversifié. Nous découvrons au fur et à mesure les compagnes de May qui se révèlent à la fois originales et attachantes : il y a entre autres Martha, la fidèle amie de l'héroïne ; Helen, la naturaliste passionnée vêtue comme un homme et fumant la pipe; Gretchen, la Suisse à la force herculéenne; Margaret et Susan, les deux sœurs friandes d'arnaques ou encore Phemie, l'ancienne esclave noire. J'ai adoré le personnage de May, une femme forte et moderne qui n'a pas peur de communiquer ses pensées dans un milieu où les femmes sont invitées à faire profil bas. Elle s'impose peu à peu auprès de son mari, Little Wolf, et de la tribu. May, en véritable leadeuse du groupe de femmes, sait également être tendre et maternelle envers ses protégées, inquiètes de la nouvelle vie qui les attend. Fidèle à sa nouvelle famille, elle le restera jusqu'au bout, ce que j'ai trouvé particulièrement beau. Gretchen m'a à la fois amusée et émue avec son accent prononcé, sa douceur envers son enfant et sa manière de mener son vaurien de mari à la baguette. J'ai également été impressionnée par Phemie qui a toujours vécue comme esclave et qui, grâce à sa nouvelle vie parmi les indiens, devient une femme libre, une véritable guerrière qui prend part aux combats aux côtés des hommes. La plume de Jim Fergus est belle et fluide. Les mots s'enchaînent naturellement, ce qui fait que ce roman est très facile à lire. Les descriptions sont précises, on n'a aucun mal à imaginer le décor et les personnages. Le coup de maître de l'auteur réside dans le fait que, jusqu'à la fin, on doute de la véracité de ce récit. La structure prenant la forme de carnets, je ne pouvais m'empêcher de me demander si ceux-ci étaient bien réels, si Jim Fergus s'était basé sur des documents du passé pour rédiger son roman. Le doute était d'autant plus fort qu'il est bien indiqué qu'il s'est basé sur un fait historique réel. Je ne suis pas la première à le dire mais, au terme de cette lecture, on ne peut s'empêcher d'aller faire quelques recherches sur Little Wolf, May Dodd et ce marché passé entre le Gouvernement américain et le peuple Cheyenne. Vous l'aurez compris, ce roman a été un vrai coup de cœur pour moi et je ne peux que vous le conseiller vivement ! Si vous êtes adeptes de récits sur les indiens d'Amérique, de femmes fortes et indépendantes, d'aventures et d'amitié, Mille Femmes Blanches est fait pour vous ! « C'est ta version de l'histoire, celle de l'homme blanc. Certainement pas la mienne, ni celle de notre tribu d'adoption. Mon histoire, celle que ma mère et moi avons vécue, est celle d'un peuple arraché à son pays d'origine pour être réduit à l'esclavage dans un territoire inconnu. De même, l'histoire des Cheyenne est celle d'un peuple exilé de ses terres, et massacré s'il refuse de se plier. Tu parles d'intégration? D'assimilation? Non, notre histoire commune a un autre visage : celui du meurtre, de l'expropriation, de l'esclavage. » - Phemie Retrouvez Mille Femmes Blanches en grand format ou en poche dans les librairies près de chez vous
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5 Commentaires
Margaux
6/23/2017 15:40:55
Il est dans ma PAL depuis que tu m'en as parlé ! As-tu prévu de lire "La Vengeance des mères" ?
Réponse
La Bibliothèque de Tilly
6/23/2017 15:54:38
Tu me diras ton avis quand tu l'auras lu !
Réponse
Marine
6/23/2017 16:28:38
Je me souviens que tu m'as parlé de ça. Ça làir très intéressant en tout cas. Je le lirai peut-être un jour quand je diminuerai un peu la taille de ma PAL ^^'
Réponse
La Bibliothèque de Tilly
6/23/2017 17:16:43
Je te le conseille vivement ! :) Ça change des lectures habituelles !
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6/29/2017 23:39:01
Lou m'en avait parler en cours ! J'ai tellement envie de le lire depuis !!
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